C’est le milieu de l’après-midi lorsqu’il sort enfin de sa chambre. Il n’est pas réveillé depuis longtemps. Mais assez pour être pas mal réveillé. Il a ouvert les fenêtres de sa chambre, parce qu’il étouffait. Et maintenant, il fait froid quoi. Mais au moins, ça le réveille un peu. Étrangement, le froid lui fait du bien. C’est étrangement silencieux. Pffft, toute soirée. Un excellent show qu’ils ont donné ce soir. Il aimerait bien s’en attribuer tout le mérite, mais non. Ce serait désagréable sinon, mais il aime bien jouer avec eux. Il se souvient à peine de la fin de la nuit. Vaguement. Ah non, ça lui revient un peu. Il descend l’escalier et constate que le salon est libre. Aaaah !

- Wladyslaw ? appelle-t-il en chantonnant presque, la voix éraillée.

Ah ouais, il n’a pas utilisé sa voix depuis des heures, c’est normal. Mais il devrait faire attention. C’est sa voix après tout. C’est important. Aussi important que ses mains. Pour jouer de la musique. Évidemment.

- Wladyslaw ? tente-t-il une seconde fois.

Quoi ? Il n’est pas là ? Mais où peut-il bien être ? Il ne pensait pas qu’il allait sortir à nouveau. Il était temps. Non, mais faut sortir hein ? C’est pas comme si lui ne sortait pas. Il sort tout le temps. Mais là, il semble qu’il ait la maison pour lui tout seul. Chic ! Il ouvre les rideaux, et ferme les yeux. Oj, il fait plus clair qu’il le croyait. C’est bien ce que Alvarez a fermé en premier. Il marque un bref temps d’arrêt et se rassure de voir qu’il est habillé. Enfin, à moitié. De toute évidence, il a enfilé un jogging avant de descendre. Ah ouais, c’est vrai, il faisait frais dans sa chambre. Jenny détestait que les rideaux restent fermés. Elle aimait la lumière…  et espionner les passants. Elle serait contrarié de voir l’état de ses plantes. Il en arose une avec un verre d’eau qui traine par là… verre d’eau… oh, non, c’était pas de l’eau… tant pis. Il pose les yeux sur la boîte de Jenny. Une jolie boite décorée avec des emballages de bonbons, qu’il s’assurait de garder bien remplie chaque fois qu’il passait. Il l’ouvre et constate qu’elle n’est pas tout à faite pleine, mais…

- Oh, Jenny… dit-il avec un sourire.

Alors soigneusement, il s’empare de la boite et la pose sur la table basse du salon et entreprend de rouler autant de joint que le permet le contenu de la boîte. Ça l’occupe bien un gros quinze minute. Puis il remet tout dans la boite, mais conserve un de ses petits chef d'oeuvre. Un peu sec, mais ça ira. Il l’allume et y goûte. Il ne se souvient même pas de ce qu’il a bien pu y mettre dans cette boîte. Enfin, si, mais… il l’allume et en prend une première bouffée. Ouais, un peu sec, mais peu importe.

- Wo...

Il s’assoit un moment dans le canapé où Alvarez passe ses journées depuis juillet. Ouais, c’est de la qualité. Sativa. Sa préférée. Il se relève et va chercher sa guitare. Qui n’est pas bien loin puisque hier soir… ou ce matin très tôt, il n’a même pas prit la peine de la monter dans sa chambre. Pas plus que son ampli. Il prend le temps de brancher tout ça, puis lève le son au max. Presque au max. Pour une fois qu’il ne craint pas de réveiller Alvarez, c’est le bon moment. Enfin, il ne pense jamais à réveiller ou pas Alvarez, à vrai dire mais comme il n’est pas là, il ne risque pas de le réveiller. Et puis, c’est l’après-midi. Il ne va pas réveiller les voisins non plus. Alors il s’y met. Le joint planté entre les cordes, il se met à jouer, les yeux fermés. Il y va de vieux classiques, jusuq'à ce qu'il se rend compte qu'il n'est pas seul.

Grands dieux...

En parlant de Dieux...

Alors il passe de Smooth de Santana à Hells Bells d'AC/DC comme si c'était la même chanson.

Il ricane tout seul en amorçant l'intro.