Uno. J'ai débarqué de mon Texas natal à 21 ans, et j'ai jamais perdu mon accent texan, à couper au couteau qui ne passe pas inaperçu au milieu des britanniques... J'ai pourtant aucune intention de retourner dans mon pays de naissance, encore moins de renouer avec ma famille. N'empêche que j'ai jamais réussi à prendre l'accent irlandais et que je reste une étrangère au premier abord...
Dos. Je sais pas si je suis hyperactive, mais je suis clairement une boule d'énergie. Le jour où je suis éteinte, c'est qu'il y a vraiment quelque chose qui ne va pas. J'ai toujours quelque chose à faire et je bouge, énormément. Je vais courir, j'ai testé je sais pas combien de sports différents, je sais pas ne pas me dépenser. Passer ma journée sans sortir, sans bouger mes fesses ? Impossible. Ou alors c'est que je suis vraiment super malade...
Tres. Je ne fume pas, ne me drogue pas, ne touche même pas vraiment à l'alcool, parfois un verre de vin, et encore... Perdre le contrôle, c'est juste hors de question. Manquerait plus que quelqu'un essaie quelque chose et que je sois pas capable de me défendre...
Quatro. D'une certaine manière, je prends soin de mon corps, vu que je fais beaucoup de sport et que je lui fais pas non plus absorber de substance addictive.... Je fais pas spécialement attention à ce que je mange, mais de nature, les trucs qui me font envie, c'est pas vraiment les fast foods déglue originaires de mon pays. Bon je mange bien quand même, vaut même mieux m'avoir en photo qu'à table... Pourtant, c'est pas vraiment mon centre de préoccupation principal, loin de là, même... Au contraire, je ne suis pas vraiment fan de mon corps. Je suis plate comme une limande, je mange comme quatre mais j'ai l'air anorexique... Vous attendez pas à ce que je le mette beaucoup en valeur, j'ai plutôt tendance à porter un jean, des baskets et une large chemise bûcheron que les jolies petits tops et les shorts des bimbos de service...
Cinco. Réfléchir avant de parler, c'est pas que j'ai du mal mais... un peu. 'Fin je dis pas que des conneries, c'est juste que je dis ce que je pense, et je pense pas toujours aux conséquences. Des fois ça vexe, et j'en suis désolée, mais j'y peux rien, c'est plus fort que moi. Je suis pas trop du genre à arrondir les angles, et ça passe pas toujours auprès de tous les clients, faut bien avouer.
Seis. Je déteste les étiquettes. Ca me saoule qu'on catégorise les gens partout, tout le temps. Ils viennent d'où ils peuvent, ça veut pas dire qu'ils sont tous pareils. Ils aiment qui ils veulent, ça veut pas dire qu'ils réagissent tous de la même manière face au reste du monde. Arrêtez de faire des cases et de mettre les gens dedans, moi je refuse d'y rentrer de toute façon - 'fin même si j'avais voulu, ça aurait jamais trop bien marché je crois.
Siete. Je déteste être prise en défaut, alors espérez pas me voir pleurer devant les autres. Je vais me barrer et aller pleurer dans un coin plutôt, parce que je suis pas insensible non plus. Mais hors de question de me montrer faible et qu'on me prenne en pitié. En général, ma meilleure défense, ça a même plutôt tendance à être l'attaque, et il n'est franchement pas rare que je rentre dans le tas... Jouer des poings, ça m'a jamais vraiment fait peur.
Ocho. Je voulais être danseuse étoile. Ca a jamais marché, paraît que j'étais trop typée pour la scène. Fallait que je fasse de la danse moderne plutôt. Je suis une tête de mule, j'ai continué le classique. Jusqu'à ce que je me blesse. Mais que je continue le show parce que je suis une putain d'entêtée, en serrant les dents. Résultat : c'est irréversible. Je serai jamais pro. Ca m'empêche pas de continuer pour le plaisir, mais... Danser garde ce goût amer d'échec, quand bien même je ne peux pas m'en passer.
Nueve. C'est à partir d'une connerie que j'ai réalisé que j'étais pas vraiment insensible aux charmes féminins, même si je comprenais pas encore tout à fait : j'entrais à peine dans l'adolescence. Un défi à la con, cap ou pas cap. Et bah cap. Sauf que mes parents ont fait irruption, et que ça a été la pire des infamies à leurs yeux. Des étés en camps de guérison pour les homosexuels, et la distance de ma meilleure amie, voilà ce que j'ai gagné. La tristesse de la perte de cette dernière, et la haine viscérale que je voue à ceux qui m'ont donné la vie. Il y a des fois où faudrait franchement mieux que je sois pas cap, ouais...
Diez. Le premier de ces séjours de l'enfer a été pire que les autres : une des (rares) autres filles, plus âgée, à tenté de faire du forcing envers moi. Un baiser volé, forcé, et ses mains sur mon corps. J'avais douze ans, j'ai pas compris tout de suite, je me suis retrouvée acculée... et j'ai pas supporté. Je me suis sentie impuissante et vulnérable, tout ce que je peux pas encaisser. L'année d'après, mes rêves de carrière se sont écroulés. Je suis incapable de laisser qui que ce soit me toucher depuis, et je peux facilement avoir tendance à cogner si on s'approche d'un peu trop près.

Que penses tu des meurtres qui ont récemment eu lieu? As-tu peur ou bien es-tu plutôt serein?
J'en ai entendu parler, forcément, par les collègues, les clients... Mais à vrai dire, je me sens pas vraiment concernée, et c'est comme tous ces faits divers qu'on voit à la télé : je vois ça de loin, je suis consciente que c'est réel, et en soi, ça pourrait être un peu flippant, mais... Mais j'ai l'impression d'être loin de tout ça, alors ça me touche pas plus que ça, et je suis bien loin d'y penser quotidiennement ou de paniquer.

Es tu concerné par l'un des meurtres qui a eu lieu? Si oui, comment gères-tu ta perte?
Je suis pas concernée, alors j'ai pas de perte à gérer. J'ai pas vraiment de terreur ou quoi, j'ai l'impression que ça fait partie de ces choses qui n'arrive qu'aux autres. Ce qu'on a souvent tendance à faire, quand on regarde les news qu'à moitié, genre en faisant le ménage ou la vaisselle, non ?